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La recherche scientifique au Maroc : défis, opportunités et perspectives

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a) Le financement insuffisant

Le financement de la recherche reste l’un des principaux obstacles. Selon les dernières données, les dépenses en R&D représentent environ 0,8 % du PIB marocain, loin des objectifs fixés par l’UNESCO (au moins 1 % du PIB pour les pays en développement). Ce sous-investissement limite la capacité des universités et des centres de recherche à recruter, équiper et produire de la recherche de qualité.

Le Maroc consacre moins de 1 % de son PIB à la R&D, loin derrière des pays émergents comme la Turquie (1,1 %) ou la Chine (2,4 %). Près de 70 % des fonds proviennent de l’État, via des institutions comme le CNRST (Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique), créant une vulnérabilité face aux restrictions budgétaires.

b) Le manque de synergie entre université et entreprise

Le lien entre le monde académique et le tissu industriel demeure fragile. Les résultats de la recherche restent trop souvent confinés à la sphère universitaire, sans débouchés pratiques ou applications concrètes. Ce cloisonnement empêche l’émergence de solutions innovantes à des problématiques nationales.

Seulement 12 % des entreprises marocaines collaborent avec des laboratoires de recherche (Enquête MENA, 2022). Les chercheurs déplorent un manque de valorisation de leurs travaux, tandis que les industries critiquent une formation inadaptée à leurs besoins.

c) L’encadrement et la valorisation des chercheurs

Les jeunes chercheurs rencontrent de grandes difficultés à être encadrés et à valoriser leurs travaux. Le nombre de doctorants a augmenté, mais le nombre de directeurs de thèse et de chercheurs confirmés n’a pas suivi. De plus, le manque de reconnaissance institutionnelle, la précarité des carrières scientifiques et la faible internationalisation freinent leur épanouissement.

Avec 11 000 chercheurs recensés (1 pour 3 300 habitants), le Maroc voit partir chaque année des centaines de diplômés vers l’Europe ou l’Amérique du Nord. Les salaires peu attractifs (en moyenne 8 000 MAD/mois pour un professeur-chercheur) et le manque d’équipements expliquent cette hémorragie.

d) L’accès aux ressources documentaires et technologiques


Malgré les efforts de digitalisation, l’accès à la documentation scientifique de niveau international reste limité, de même que les infrastructures de recherche (laboratoires, plateformes technologiques, outils de simulation, etc.).

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2-Des opportunités à saisir

a) Une volonté politique affirmée

Le gouvernement marocain a fait de la recherche un axe prioritaire dans le Nouveau Modèle de Développement. Plusieurs initiatives visent à renforcer la gouvernance, à augmenter le budget alloué à la recherche et à encourager les partenariats public-privé.

Le Plan d’Accélération Industrielle 2021-2023 et la stratégie « Maroc Innovation » ciblent des secteurs porteurs :

      • Énergies renouvelables (projet Noor Ouarzazate).
      • Santé (production locale de vaccins post-Covid).
      • Agroalimentaire (adaptation au changement climatique).

Le pays bénéficie aussi de collaborations avec l’UE (programme Horizon Europe) et l’Afrique (Alliance Sahel).

 

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    1. L’émergence de thématiques stratégiques

Les enjeux de décarbonation, de souveraineté numérique, de santé publique, d’agriculture durable ou d’urbanisme intelligent créent une demande croissante pour des recherches appliquées. Le Maroc dispose de nombreux gisements d’innovation dans des domaines comme les énergies renouvelables, l’IA, la biotechnologie ou l’économie circulaire.

Les villes de Rabat (sciences politiques), Marrakech (énergies vertes) et Casablanca (fintech) se positionnent comme des clusters régionaux. L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) symbolise cette montée en puissance, avec un budget R&D

de 200 millions de dollars.

    1. Une jeunesse scientifique dynamique

Malgré les obstacles, de nombreux doctorants et jeunes chercheurs marocains s’illustrent à l’international. Leur appétit pour la recherche, leur capacité à se former en ligne et à s’intégrer dans des réseaux scientifiques constitue un formidable potentiel.

Avec 70 % de moins de 35 ans, le Maroc dispose d’un vivier de talents familiarisés aux technologies émergentes (IA, blockchain). Des plateformes comme « Morocco Tech » stimulent l’innovation, tandis que des universités intègrent des labs dédiés à la data science.

    1. L’essor des coopérations internationales

Le Maroc multiplie les coopérations universitaires et scientifiques avec des pays d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Ces partenariats facilitent les mobilités, le partage de savoirs et le montage de projets conjoints, tout en renforçant la visibilité de la recherche marocaine.

  1. L’engagement d’EDGE Business School dans la recherche scientifique

Consciente de l’importance de la recherche dans la formation des leaders de demain, EDGE Business School s’engage activement dans la promotion de la recherche scientifique et de l’innovation au Maroc. Chaque année, l’école organise les EDGE Research Days, un événement de référence qui réunit chercheurs, doctorants, professionnels et acteurs de l’industrie autour de thématiques stratégiques liées à l’économie, au management, à la finance, au digital ou à l’entrepreneuriat.

Lors de ces journées, des figures emblématiques du monde de la recherche et de l’industrie interviennent pour partager leurs travaux et initier des discussions de haut niveau. EDGE lance également chaque année un appel à communication ouvert aux doctorants, offrant une plateforme de présentation, de débat et de publication de leurs travaux.

Par cette initiative, EDGE entend :

  • Encourager la recherche appliquée au service des enjeux socio-économiques marocains,
  • Favoriser la création de passerelles entre université, entreprises et institutions publiques,
  • Valoriser les jeunes chercheurs marocains et contribuer à leur visibilité scientifique.

Les EDGE Research Days participent ainsi pleinement à l'écosystème national de recherche et s'inscrivent dans une dynamique d'excellence et d'ouverture.

  1. Perspectives pour une recherche plus forte et plus utile
     
    1. Repenser la gouvernance de la recherche

Il devient nécessaire de créer une agence nationale autonome de pilotage de la recherche, dotée d’un budget propre, chargée de coordonner, financer et évaluer les projets, en lien avec les priorités stratégiques du pays.

Réformes structurelles urgentes

      • Augmenter le budget R&D à 1,5 % du PIB d’ici 2030, en mobilisant le secteur privé (fiscalité incitative).
      • Créer une Agence Nationale de la Recherche indépendante, sur le modèle français, pour simplifier l’accès aux financements.
    • Stimuler la recherche appliquée et l’entrepreneuriat scientifique

Encourager les chercheurs à transformer leurs résultats en produits, services ou brevets via des incubateurs, des fonds de transfert de technologie et des formations en valorisation.

    1. Internationalisation et diplomatie scientifique

Le Maroc pourrait devenir un médiateur entre l’Europe et l’Afrique, notamment dans les domaines de la sécurité alimentaire ou de la santé. La création de « bourses d’excellence » pour attirer des chercheurs subsahariens renforcerait cette position.

    1. Intégrer la recherche aux politiques publiques

La recherche doit devenir un outil d’aide à la décision pour les politiques publiques. Une meilleure articulation entre chercheurs et décideurs permettrait de co-construire des solutions aux problèmes locaux.

    1. Promouvoir la culture scientifique

Sensibiliser les citoyens, notamment les jeunes, à la science est un enjeu clé. Émissions, concours, vulgarisation, musées et festivals scientifiques sont autant de moyens d’ancrer la science dans la société.

    1. Focus sur les niches à fort impact
      • Biotechnologies : Capitaliser sur la biodiversité marocaine (4 500 plantes médicinales recensées).
      • Intelligence artificielle éthique : Développer des cadres réglementaires pour une IA inclusive.

Conclusion

La recherche scientifique au Maroc se trouve à un tournant. Si les défis restent nombreux, les leviers d’accélération sont réels et à portée de main. En conjuguant volonté politique, implication du secteur privé, mobilisation de la jeunesse scientifique et investissement des institutions académiques comme EDGE Business School, le Maroc peut se hisser au rang des nations innovantes. Une recherche dynamique, connectée aux besoins du pays et ouverte sur le monde, est indispensable pour réussir les grandes transitions du XXIe siècle.